Cours du 30 mars sur les belgicismes

Les traits du français de Belgique francophone

Etude des belgicismes

Les belgicismes sont des productions langagières d’ordre phonétique, lexical, syntaxique, morphologique, identifiées, à tort ou à raison, comme étant typiques du français de Belgique.

L’identification des belgicismes se mesure à l’aune du français standard, que l’on peut définir comme une variété de langue dans laquelle tous les membres d’une communauté linguistique acceptent, bon gré mal gré, de se reconnaître. Ce que les francophones ont en commun, ce n’est pas la pratique de la même variété : c’est de pouvoir se reporter à un même modèle idéalisé de langue, qu’ils nomment « le français ». Une langue standard connaît souvent une forte institutionnalisation. On entend par institution linguistique tous les appareils qui déterminent les règles sociales de l’échange linguistique : enseignement, dictionnaires, grammaires, chroniqueurs de langages, organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux, législation linguistique, médias audiovisuels, etc. 

 

Belgicismes lies à la morphologie ou à la syntaxe[1]

 Des périphrases verbales :

Avoir bon                                  

Avoir facile/difficile/dur[2]      

 

Ça  ne veut pas  réussir 

Ça ne peut mal

Il n’en peut rien     

 

Des utilisations absolues de verbes transitifs :

courtiser, fréquenter        

purger                         

mettre auprès/ tout près         

ça goûte ?                                

 

Des utilisations de régimes indirects au lieu de régimes directs :

Demander après x             

S’accaparer de x                        

Ça ne lui regarde pas      

 

Des utilisations de régimes directs au lieu d’indirects

Jouer soldat                 

Je l’ai besoin*[3]             

 

Des pronoms :

Vous me direz quoi[4]   

Tout qui                                 

Leur deux[5]                               

Gagner autant par mois          

Il sonne                                   

Il pue                          

Il sent le brûlé             

 

Des prépositions et des conjonctions :

Qu’est-ce que c’est pour un x ?[6]      

Je tiens pour x                         

En rue (archaïsme – cf. en pleine rue)

Endéans 10 jours                           

Aller au coiffeur / au médecin*  

Confiture aux fraises/prunes/abricots

Confiture de fraises/de prunes/d’abricots

Profiter avec le beau temps                  

Mettre à place                           

Avoir des chaussures dans ses pieds (wallonisme)

 

Se fâcher sur qqn                        

Ça fait que                                               

À fait  que                                               

D’abord que                            

 

Des adverbes  :

 

Moi bien (flandricisme – il wel)  

Avoir x francs trop peu                      

Aussi vite (flandricisme – si vite sur zo gauw)                                                                                                  

Là tout de suite                                    

A tantôt                                              

  

Des redondances  :

 Au plus……au plus                            

Trop…. que pour                            

Il y en a de ceux qui       (archaïsme)[7]    

Sur le temps que (+ indicatif)           

Parce qu’aussinon                             

Par après                                             

Quiconque      

Pour moi lire[8]                          

Jouer avec   (flandricisme – Smaakt het ?)   

              

S’accoucher                             

Se divorcer                                           

Non fait                                              

Si fait                                      

Assez bien de                           

Dites-moi une fois                              

 

Des inversions  :

 

Ça, je sais                                            

Avoir de l’argent assez               

 

Des commutations  :

 Faire pour un mieux              

Fort pâle                                             

 

Des locutions idiomatiques  :

 

Il n’y a pas d’avance                      

Renseigner qqch. à qqn                  

S’il vous plaît   

Il se fait que     

Tirer son plan  

Avoir un œuf à peler    

Tourner fou/folle          

Tenir le fou avec qqn          

 

Sur le temps que (+ indicatif)           

Parce qu’aussinon                             

Par après (archaïsme)                  

Quiconque       qui                              

Pour moi  lire                          

S’accoucher                             

Se divorcer                                           

Non fait                                              

Si fait                                      

Assez bien de                           

 

Antéposition de l’épithète adjectif qualificatif  : adjectif + nom

Du sale linge                           

Une propre chemise                       

(influence du wallon et proximité des idiomes germaniques qui privilégient la structure Adj. + Nom)

 

Empiètement de savoir sur pouvoir

 

Belgicismes lies au lexique[9]

 

Le texte ci-dessous[10] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

La vie professionnelle : vocabulaire économique et social

Périodiquement, les employeurs sont tenus de péréquater les salaires, en tenant compte des hausses de l’index. Certains citoyens sont amenés à prester des heures supplémentaires ou à travailler au noir pour arrondir leurs fins de mois. Certains ne touchent que le minimex. De leur côté, beaucoup d’étudiants cherchent à jober dans le secteur de la grande distribution : engagés comme jobistes, ils travaillent comme caissiers, réassortisseurs de rayons ou manutentionnaires.

Il arrive que celui qui désire acquérir un bien doive prêter de l’argent pour payer se maison ou sa voiture. Pour mettre fin au bail de l’habitation qu’il occupe, un locataire donnera son renom (ou renon).

À l’école gardienne, les enfants s’amusent bien. Entre l’heure de midi, les petits font la sieste. Ils disposent chacun d’un coussin avec une taie. L’un ou l’autre fait toujours sa macrale.  A l’école primaire, l’enfant cherche à être dans la manche de l’instituteur.

Le régendat forme les régents qui sont habilités à enseigner dans les classes du degré inférieur du secondaire.

À l’athénée, certains élèves ont dur alors que d’autres brossent les cours. Les bisseurs et les bisseuses ont tendance à voir dans le bon élève un manche-à-balles. Avant l’introduction de l’enseignement rénové ou du rénové, c’étaient les humanités, humanités anciennes de préférence, qui préparaient à l’université où le student suit les cours dans un auditoire. Les informations sont affichées aux valves. Les étudiants se retrouvent pour guindailler et faire des à-fond. On appelle kot la chambre ou le petit appartement loué à un étudiant, dit cokoteur.

Certaines formations complémentaires se fondent sur des prérequis. Avant les examens, on bloque ses syllabus. Selon les universités, c’est la bloque, le bloc ou le blocus. En première candi’, beaucoup d’étudiants sont busés aux examens. Les autres réussissent sans grade (ils n’obtiennent qu’une satisfaction) ou avec grades : dis(tinction), grande dis(tinction) ou la plus grande (distinction). 

A la fin de sa dernière année académique, le professeur ordinaire est admis à l’éméritat.

 

 

Les attitudes et les représentations linguistiques en Belgique francophone

 

Introduction

Les études sur les attitudes linguistiques des Belges francophones

 

Le texte ci-dessous[11] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

 

La Belgique et ses structures : vocabulaire administratif[12]

 

La Belgique est un Etat fédéral qui se compose de trois communautés (française, flamande et germanophone) et de trois régions (wallonne, flamande et bruxelloise). Les problèmes dits communautaires concernent chacune des communautés linguistiques ou les relations entre elles. La Croix-Rouge, par exemple, est communautarisée, ce qui signifie qu’elle a été transférée de la compétence nationale à la compétence de chacune des communautés. Seuls deux de ses centres d’activité qui se rapportent à la communauté flamande et à la communauté française restent bicommunautaires. Les matières résiduaires ne sont pas explicitement de la compétence des communautés et des régions.

A la maison communale, siègent le bourgmestre et les échevins. C’est l’échevin de l’état civil, par exemple, qui remet le livret de mariage aux nouveaux mariés. Il arrive que l’on fête les vingt ans de maïorat ou de mayorat d’un bourgmestre maïeur ou mayeur. Les communes où des facilités sont prévues pour une minorité linguistique s’appellent communes à facilités.

La région bilingue de Bruxelles-Capitale est dirigée par un ministre-président. Un des objectifs pour cette région est d’améliorer l’environnement urbain d’ici à l’an 20054. ainsi certaines communes ont-elles déjà installé des horodateurs et parcmètres qui permettront une meilleure rotation des voitures garées. Afin  de réduire les embouteillages qui asphyxient la ville, on incite plus de navetteurs à se rendre à Bruxelles au moyen des transports en commun. Pour améliorer l’image de marque de la capitale de l’Europe, les hommes du bac ramassent les ordures ménagères entre 19 et 24 heures et on veille à empêcher le surcollage et les panneaux pirates. Sur base d’évaluations, l’on prévoit aussi des subsides pour réparer les bandes de roulage du ring de Bruxelles ainsi que plusieurs drèves à l’entrée de la capitale.

 

 

Une attitude ambivalente à l’égard du français de France  

Une corrélation entre l’insécurité linguistique et le niveau d’instruction

 

Le texte ci-dessous[13] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

 

La vie quotidienne : l’habitation et son entretien

 

Les Belges ne sont pas après leurs sous en ce qui concerne leur maison. Certains habitent une maison bel-étage ; d’autres, une maison unifamiliale, achetée par fois clé-sur-porte. Dans la place de devant, que l’on garnit de postures et de ramasse-poussière, ils ne font plus placer du balatum, mais du tapis plain et, si possible, font aménager un feu ouvert.

La cuisine, qui n’est généralement plus une cuisine-cave, est équipée d’un boiler. La lessiveuse, qui sert à laver les blancs et les bleus, et la calandre sont placées dans la laverie. La ménagère dispose, entre autres, de casseroles, d’une casserole à pression, d’assiettes profondes, de sous-plats et de lèche-plats.

Pour qu’il fasse propre dans la maison, la femme d’ouvrage ou la femme à journée se sert d’un mop qui ramasse les minous, d’une loque à reloqueter et d’une raclette. Elle prend les poussières avec une loque à poussière ou une chamoisette. Elle monte sur une escabelle pour placer les tentures.

 

La norme belge  

Distance par rapport à la norme française

 Distance par rapport aux usages populaires

Le texte ci-dessous[14] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

La vie quotidienne : l’alimentation

Chez le légumier, on trouve de la salade, de la salade de blé, des chicons, de l’endive. On peut aussi acheter les fruits nécessaires pour faire de la compote aux pommes ou de la confiture aux fraises.

Au restaurant, le moule-frites s’impose. En hiver, on apprécie les carbonnades flamandes et le waterzooi. Pour manger un bout, l’on choisit des maatjes, un filet américain ou simplement un steak cannibale avec de l’eau spitante ou une bière belge.

La kermesse, avec ses moulins ou ses carrousels, ses fritures, ses caricoles (ou caracoles), ses croustillons et ses smoutebolles, ses boules, ses stands de tir et ses attractions plaisent aux petits et aux grands, même s’ils doivent faire la file avant d’être servis.  

 Quelques belgicismes  (identiques à ceux du syllabus de grammaire)

Pouvez-vous indiquer le correspondant de ces belgicismes en français standard ?

– Une année académique :

– Le quart d’heure académique :

– Recevoir les palmes académiques :

– Avoir un grade :

– Etre en affaire (« Elle est tout en affaire depuis que son petit-fils est né ») :

– Faire un à-fond :

Un auditoire :

– L’homologation du diplôme :

– La défense de thèse / du mémoire (de fin d’études) :

– Le promoteur de thèse / du mémoire (de fin d’études) :

– Etre en aveu :

– Entrer en aveu(x) :

– Un ballotin de pralines :

– Il m’en est arrivé une belle :

– la berme centrale :

– moi bien (Ce n’est pas un juillettiste, moi bien !) : 

– une bisbrouille :  

bisser :

– Être bleu de qqn. :

– être en [période de] bloque [en bloc (Bruxelles), en blocus (Louvain)] :

– une chique (à Liège), une boule (à Bruxelles) :

– avoir le brûlant (ou le brulant, RO) :

– être en boni / être en mali :                                         

– le bottin :

– brosser un cours :

– buser qqn. :

– un caddie :

– des carabistouilles :

– un kot :

– tomber comme un cheveu dans la soupe :

– chercher misère à qqn. :

– une clinche :                                                            

– un clignoteur :

– une cloche (au pied) :

– le secrétaire communal :

– la fête communale :

– un copion :                                                               

– un employé bien coté :

– coter un travail :

– « C’est le dernier de tout ! » :

– le déjeuner, le dîner, le souper :

– une dia, des dias :

– un doctorant :

– la femme d’ouvrage :                                                      

– doubler une classe :

– un doubleur :

– Il drache :

– une dringuelle :

– une tirette :                                                               

– Encore un peu j’oubliais les dossiers ! (wallonisme)

– Encore bien qu’il faisait beau !                          

– Endéans un mois                                                    

– un essuie/un essui (pour la vaisselle)                                  

– un torchon (qui sert à nettoyer le sol)                         

– un essuie/un essui                                                    

– un évier (qui sert à se laver)                                      

– se faire mal (de qqn., de qqch.) : Je me fais mal           

de ce chien

– une farde                                                                  

– faire la file                                                                

– un filet américain

– un pain français

– un frotte-manche

– un goulafe                                                                

– une gosette aux cerises

– ça vous goûte ?

– guindailler                                                               

– Il est dix heures quart

– Il est dix heures moins quart

– Je n’en peux rien ! (à Liège)

– S’il vous plaît (plait), s’il te plaît (pour présenter

un objet, offrir qqch.)

– S’il vous plaît ? (pour faire répéter qqch.)

– homologuer un diplôme

– J’ai idée d’aller manger une crème glace

– L’index (des prix)

– Le préfixe (pour les numéros de téléphone)

– Il est jouette                                                             

– un journal de classe

– un kot                                                                      

– un mêle-tout                                                            

– un minerval                                                              

– mofler un étudiant

– minoriser, minorisation (des francophones)

– un navetteur                                                             

– faire de son nez

– une nominette

septante et nonante

– avoir un œuf à peler avec qqn.  

– le parlophone                                                           

– un pensionné (« faux » belgicisme)

– Il y a dix euros trop peu

– un péteux, une péteuse

– jouer un pied de cochon à qqn.  

– à l’avant-plan                                                           

– Tire ton plan !

– du tapis plein [écrit aussi tapis plain]

faire les pauses

poser un acte                                                            

– postposer une réunion

– faire régime                                                              

– prendre les poussières

– la ramassette                                                             

– enlever les plumetions (ou les minous)

– Il ne peut mal                                                          

Je n’en peux rien

– On a bon ici                                      

– J’ai facile en histoire

– Il a difficile ces temps-ci

  J’ai dur                                            

    J’ai le temps long                                        

    Il a mal ses pieds                           

    Mets des chaussures à tes pieds !                

    Il en a après moi                                         

    Il a quelqu’un                                               

    des pralines                                      

    une jatte de café                                          

    demander un livre à prêter                            

    appliquer la priorité de droite                          

    C’est une femme éthique : elle n’arrête pas de        

nettoyer

– Elle raccuse tout le temps !

– Il a tellement couru qu’il n’arrive pas à se ravoir

– le percepteur des postes

– le receveur des contributions

– c’est recta                                                                 

– donner son renon à un locataire

– Pouvez-vous nous renseigner le bon chemin ?

– Remettre son déjeuner

– Consultez les livres repris dans la bibliographie

– Je ne me retourne pas pour si peu

– Prendre le ring

– avoir des ruses avec qqn

– faire des ruses à qqn

– une sacoche                                                              

– un sachet du supermarché

– il a un air saisi                                                          

– une sous-tasse                                                           

– un enfant spitant

– en stoemelings

– subsidier                                                                  

– une action subsidiable

– À tantôt                                                                   

– de la tête pressée

– une tirette                                                                

– tirer une tête                                                            

– tourner à rien                                                           

– la vacature d’un emploi

– rapporter les vidanges au magasin

– un zievereer                                                                         

– un zinneke                                                               

– une zinne                                                     

– zwanzer                                                                   

 

[1] Les belgicismes de prononciation ont été étudiés au cours de linguistique.

[2] Emploi attesté en Normandie et ne Bourgogne.

[3] Présent également dans le registre populaire du français de France.

[4] Emploi attesté dans le Nord

[5] Emploi attesté en Bretagne.

[6] Emploi attesté en Savoie.

[7] En ancien français : assez i ot de ceux.

[8] Emploi attesté dans le Nord et le Nord-Est.

[9] Voir les exercices du syllabus.

[10] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[11] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[12] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[13] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[14] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.


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