La phrase de base (G.M.F. pp. 388)
Les constituants de la phrase
On appelle phrase de base la phrase qui est
déclarative (énonciative)
affirmative (positive)
active
neutre
et qui ne possède qu’un seul verbe conjugué
Déclarative s’oppose à interrogative / impérative
Affirmative s’oppose à négative
Active s’oppose à passive
Neutre s’oppose à emphatique
On appelle phrase dérivée toute phrase verbale (ou non) provenant de la modification d’une phrase de base.
Une phrase peut être verbale ou non verbale
La phrase verbale est construite autour :
– d’un verbe conjugué
– d’un présentatif (voici, voilà, c’est, il y a, revoici, etc.)
– d’un verbe impersonnel (il est, il pleut, il faut, etc.)
La phrase non verbale peut être :
– nominale
– infinitive
– adjectivale
– adverbiale
La phrase complexe (G.M.F. pp. 469)
1) Juxtaposition (G.M.F. pp. 519 et ss.)
Les chiens aboient, la caravane passe.
– pas de conjonction de coordination (absence d’un terme relationnel);
– pas de rapport de dépendance entre les éléments reliés (autonomie syntaxique).
Juxtaposition avec corrélation
Plus il riait, plus il s’étranglait.
Il n’a pas présenté ses examens, je le savais.
– rapport de dépendance entre les propositions conditionné par la présence d’un indice formel dans la 1re proposition (subordination implicite).
2) Coordination
Il est venu et a vaincu.
– présence d’une conjonction de coordination ou d’un adverbe de liaison (présence d’un terme relationnel) :
conjonction de coordination : mais, ou, et, or, ni, car
adverbe de liaison (d’abord, ensuite, puis, enfin, cependant, en effet, donc, ainsi, etc.)
– pas de rapport de dépendance entre les éléments reliés (autonomie syntaxique).
Coordination avec correlation
Non seulement il se montre ingrat, mais encore il se plaint.
Certes, il a raison, mais son acharnement le dessert.
Ni le frère ni la sœur ne se sont manifestés.
– présence d’un indice formel dans la 1re proposition.
3) Subordination (G.M.F. pp. 472 et ss.)
– présence d’une conjonction de subordination, d’un pronom relatif, d’un pronom interrogatif (présence d’un terme relationnel), à l’exception des propositions infinitives ou participiales (G.M.F. p. 475)
– rapport de dépendance entre les éléments reliés (proposition principale / matrice + proposition subordonnée / enchâssée)
Subordination avec correlation (G.M.f. pp. 514 et ss.)
Expression de la conséquence (proposition consécutive) :
Elle est tellement volontaire qu’elle réussira.
Expression de la comparaison :
Elle ment comme elle respire.
Expression d’une temporalité :
A peine était-il entré qu’on l’invita à sortir.
Dans cet extrait d’un ouvrage d’Alfred Gilder, indiquez la nature des mots ou des syntagmes soulignés.
Les derniers des mots hicants
La langue de France se consume-t-elle dans la nostalgie de ses richesses d’antan ? Les mots de chez nous ont-ils, à tout jamais, épuisé leur fécondité ou bien (1) ont-ils encore assez de sève pour nourrir notre prose (2) ? En vérité, si les idiomes vivent d’emprunts, le nôtre (3) vit à crédit, jusqu’au (4) surendettement. Parole prémonitoire de Paul Morand, en 1930, « Notre peuple n’a plus qu’ (5) un mot à la bouche : à l’américaine. » L’affaire est d’importance, tant fait rage un certain fléau matériel et moral, soumission volontaire ou inconsciente à tout ce qui nous vient de la puissante et riche Amérique, en particulier (6) les mots, comme au temps où le pavillon accompagnait la marchandise. Pourtant (7), il est sans précédent qu’un grand pays, riche, « développé » et cultivé, soit à ce point victime de sa propre aliénation culturelle.
Comme le feu, le « franricain » se propage à grande vitesse. Devrions-nous contempler, sans réagir, les ravages de ce « sabir atlantique », déviation langagière, symbole patent de cette aliénation culturelle, ce « désespéranto » que je nomme pentagonal (8)? Devrions-nous nous résoudre à ce que le franglais soit désormais « la langue de la République » ? Cet (9) entrelangue douteux, pareil à un entremonde bizarre, gonfle et (10) appauvrit notre vocabulaire à force de (11) l’ignorer au profit d’inutiles doublures, d’innombrables et regrettables homonymies, de graphies parfois imprécises, d’hybrides franricains, voire d’ineptes expressions. Par des termes attrape-tout, au squelette desséché, au « signifiant flottant », il obscurcit le langage, semant la confusion dans la prononciation, l’orthographe, le sens (12). C’est l’amère nourricière de notre vocabulaire usuel, salmigondis informe et inappétissant de mots franglais, anglais, américains, ou présumés tels. L’emploi abusif de ce charabia tend à séparer les Français de France des autres francophones. C’est dire que le pentagonal brise le lien magique qui unit tous ceux (13-14) qui ont en commun l’usage d’une même langue universelle, à force d’y introduire à profusion « faux-sens, contresens et non-sens » (Jacques Capelovici).
Trois idées fausses gouvernent l’esprit public et dominent les mentalités individuelles, jusqu’à l’imposture : la première voudrait que nous renoncions à notre parler, au motif que (15), à la différence des idiots, les idiomes évoluent, et que le tout-anglais, ou plutôt le tout-américain, offre seul le salut à notre langue immense, millénaire et universelle (16) ; la deuxième, tout aussi insupportable, prétend que les innombrables vocables pentagonaux seraient intrinsèquement supérieurs à leurs équivalents français, fussent-ils de bon aloi ; la dernière, fort grotesque, soutient qu’il faut « s’adapter » à la mode et céder à la vague du parler exotique (17).
Pures calembredaines ! Car (18) le « franricain » de bazar – pas la belle langue anglaise – est terne, ectoplasmique, gélatineux, tristement pauvre et asexué, quand (19) le français, lui, est imagé, coloré, riche, joyeux, envitaillé (20). Quand la France fabrique Ariane, ne disons pas, comme les beaux esprits, « booster », ou alors il faudrait dire aussi « high speed train », et non plus tégévé (21)! Le français n’est pas une question de mode, mais d’éternité. Dieu merci, Rabelais, Racine et Queneau se lisent toujours. Mais pour combien de temps encore (22)? Non contents d’estropier notre langue, les frimeurs la (23) massacrent. Quand ils colportent des américanismes, une parole de philosophe vient à l’esprit : être dans le vent, c’est avoir l’ambition d’une feuille morte.
Le temps est revenu, comme au XVIIe siècle, de remettre de l’ordre dans notre vocabulaire, d’en (24) fixer l’orthographe et de choyer les mots. A défaut, la langue française périra, par excès de bâtardise. Avec force, avec une jubilation enthousiaste, et avec tous mes amis, terminologues, officiels et néologues amateurs – dont (25) ce livre rassemble les trouvailles -, je soutiens que notre langue est de France, non de Yankee City ! Puisque (26) les langues évoluent, il n’est que temps de révolutionner le lexique, en ouvrant les vannes de l’imagination sémantique et d’enrichir le vocabulaire de mots nés au logis, de mots destinés à faire mouche et à faire souche, afin que le français reste ainsi une langue vraie, vivante et vivace, une langue de prestige et de modernité, une langue d’avenir (27). Ce combat linguistique procède, en fin de compte, d’ (28) une bataille pour (29) la liberté : liberté d’un peuple, liberté d’une communauté mondiale de langue, liberté d’esprit (30). Il fonde, à bon droit, l’inlassable effort de créativité lexicale. Puissions-nous clamer, comme Victor Hugo, : « Le combat changea d’âme. L’espoir changea de camp ».
Alfred Gilder, En vrai français dans le texte. Paris,
le cherche midi éditeur, 1999, pp. 9-10.
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